Nicolas Alexandre Rodriguez, psychologue en ligne et en cabinet, psychothérapeute, psychanalyste
Les phobies sont une des formes pathologiques de l’anxiété. Une phobie est la peur anormale d’un objet ou d’une situation. L’agoraphobie, par exemple, est la peur de se trouver dans des lieux publics, entouré par la foule, et de ne pouvoir s’enfuir facilement si l’on est pris de panique.
Il y a de très nombreuses phobies : phobies des animaux (souris, chiens, serpents, araignées…), phobies de situations (peur des lieux clos tels que les ascenseurs, les tunnels, peur de la hauteur, de l’eau, de l’avion…), phobies sociales (peur de parler en public, agoraphobie, peur de rougir…), etc.
Les phobies ne sont pas seulement des peurs d’un objet ou d’une situation. Ce sont surtout des peurs irrationnelles, non justifiées ou démesurées par rapport à leur cause. Les personnes qui y sont sujettes savent que ces peurs sont irrationnelles mais ne peuvent s’empêcher de ressentir une extrême anxiété pouvant aller jusqu’à la panique.
Beaucoup de phobiques ne souffrent qu’assez peu de leur trouble car ce qui déclenche leur phobie est facile à éviter (on peut se passer de prendre l’ascenseur sans trop de difficultés si l’on n’habite pas au 30ème étage). Mais d’autres sont sévèrement handicapés dans leur travail et leurs relations personnelles.
Les phobies les plus handicapantes sont les phobies sociales car elles retentissent beaucoup sur la vie quotidienne de ceux qui en sont atteints. Elles conduisent parfois à la dépression ou à des conduites pathologiques (alcoolisme…).
Les phobiques sociaux tendent à se dévaloriser et à survaloriser les autres. Une erreur, une maladresse, les embarrassent bien plus que nécessaire. Ils rougissent facilement, ont l’impression que tous les regards sont tournés vers eux. Leur peur principale se concentre sur telle ou telle situation : parler en public, parler à ses supérieurs, faire la cour… Dans de nombreux cas, ce handicap les conduit à limiter drastiquement leurs relations et leur vie sociale, à l’exception de quelques amis ou parents très proches.
La phobie est différente de la timidité. Les timides peuvent aussi souffrir de leur caractère mais ils ne ressentent pas de signes d’anxiété ou de panique lorsqu’ils sont dans de situations qui les gênent. Ils ne cherchent pas obligatoirement à les éviter à tout prix.
Quelles en sont les causes, quelle est l’évolution ?
Plus d’une personne sur dix est sujette à des phobies plus ou moins importantes. Les causes de ce trouble ne sont pas connues. Il y a souvent une prédisposition familiale. Elles sont légèrement plus fréquentes chez les femmes. Elles existent chez de nombreux enfants et disparaissent alors souvent à l’âge adulte.
Quels sont les traitements ?
Aucun traitement n’est nécessaire lorsque l’objet de la phobie est facilement évitable ou rarement rencontré. De nombreuses femmes ont une peur panique des souris mais cela ne les empêche pas de mener une vie normale.
Dans d’autres cas, la phobie peut être traitée par des médicaments (anxiolytiques) lorsque la situation qui la crée ne peut être évitée. Certains hommes d’affaires ont leur cocktail d’anxiolytiques qu’ils absorbent une demi heure avant de prendre l’avion. Certains acteurs ou musiciens prennent des bêtabloquants qui calment le trac lorsqu’il est trop fort.
Les cas les plus difficiles nécessitent le recours à une psychothérapie. Les thérapies comportementales sont souvent couronnées de succès, associées ou non à des médicaments (anxiolytiques, bêtabloquants, antidépresseurs). Elles consistent à confronter le sujet à la situation phobique dans des circonstances peu menaçantes, voire virtuelles. Elles sont volontiers associées à des techniques de relaxation.